Dialogue avec mon corps
Sommes-nous venus au monde séparément
L’esprit, déjà trainant son fardeau
Où sous les oublis d’une mère
Chacun de nous deux souhaitait soulager l’autre ?
Gravissant l’un après l’autre, l’escalier de la vie
Comme deux étrangers, deux frères ennemis.
Tu as vécu des moments d’égarement
Tant que j’apprenais le laid et le beau
A trop éteindre et désirer la misère
L’esprit s’isole et le corps se galvaude…
Redescendant, séparés, l’escalier de la vie
Finirons-nous par devenir des amis ?
Le crépuscule tombe sur nos deux solitudes
L’esprit est resté fort mais le corps se consume
Est-il déjà trop tard pour une ultime entente
S’éteindre tous les deux enfin apaisés.
Nos derniers cheminements, nos extrêmes envies
Avant de refermer la porte de la vie
Payer des fautes non commises, des années d’incertitude
Existence comme feuille qui fume
Quelques cendres presque indécentes
Quittons-nous sans haine, chacun de nous blessé.
N’aurions-nous pas du, bien des années avant
Nous absoudre que nous voir si amers, maintenant ?
Mais pour ces ultimes instants, l’esprit se penche sur les os et la chair
De compassion lui parle et l’encourage
Arrive enfin l’acte de contrition
Tandis que s’estompent la crainte et la douleur
Ami nous ne sommes qu’un, pourquoi donc ce mal
Devenons solidaires à la recherche du graal
Alors que tombe l’obscurité qui vient purifier l’air
Ensembles, ils se préparent pour le dernier voyage
Esprit et corps en amants de passion
Marchent enfin en un seul chœur
Toutes ces années perdues et des souffrances en commun
« Le bonheur de l’autre ne fait-il pas le malheur de l’un ? »